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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:05

Prologue
Parmi les premières choses de ma vie dont je me rappelle c’est curieusement un livre qui relatait des aventures dans le « Urwald » : désignation de la forêt vierge, de la forêt pluviale ou appelée actuellement la forêt primaire. Mon imagination galopante était alors alimentée par les récits de mes oncles Marcel et Gilbert qui m’apprenaient qu’on y trouvait d’énormes serpents, des perroquets, des singes et des animaux très étranges qu’on ne voyait nulle part ailleurs au monde. Ils me décrivaient cette forêt comme n’étant pénétrable qu’en y frayant un chemin avec une machette. Ils n’avaient pas besoin de détailler beaucoup plus car mon imagination fertile faisait le reste et je créais ainsi un univers à moi, un Eden qu’un jour je me promettais de visiter. Bien sûr mes oncles m’avaient bien parlé des fameux habitants de la forêt vierge qui faisaient bouillir les visiteurs étrangers dans d’énormes marmites avant de les manger…


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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:06

Départ de France en passant par Paris
Paris, passage obligé pour aller ailleurs quand on vient de la province. Le métro avec, comme toujours sa palette bigarrée de personnes indifférentes à ce qui les entoure. Les endormis y côtoient les couples qui échangent des bisous. Lui, l’écouteur à l’oreille et elle qui consulte ses SMS. Tout ce monde est constitué d’individus isolés dans une fourmilière. Les seules personnes qui s’intéressent aux autres sont les quelques musiciens ambulants dont les yeux vous cherchent en vous adressant un message universel qui signifie tout autre chose que ce qu’ils chantent.
Mon sac à dos qui pèse une tonne me scie les épaules et je n’ose pas l’enlever car la notice explicative vous permettant de l’arrimer correctement se trouve collée au dos du sac à dos qui est collé sur mon dos.
Enfin, je retrouve mon hôtel perdu dans une petite rue inconnue de tout le monde et après avoir désanglé tant bien que mal tout ce qui retenait mon fardeau, je peux me glisser sous une douche bienfaisante.
L’aventure a débuté chez moi ce matin à six heures moins le quart quand le voisin qui m’avait proposé de me conduire jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche klaxonne devant ma porte. Il a un bon quart d’heure d’avance sur l’heure convenue.
Souvent dans la vie, les uns s’ennuient et les autres restent coincés dans leur train-train quotidien qui peut devenir si extraordinaire pour peu qu’on le veuille.
Donc après ce transport en voiture, le bus puis le train et le métro, me voici donc dans cet hôtel à Paris avec même une télé à écran plat mais qui refuse de s’allumer. Mauvaise augure ? Enfin, je ne suis pas superstitieux et comme j’ai construit une bonne part de mon expérience sur des mésaventures passées, cela ne pourra que renforcer la dite expérience si le destin voudrait se liguer contre moi.

Un peu plus tard, c’est une petite japonaise avec des yeux en amandes qui me sert en dessert des beignets de fruits flambés à la liqueur de roses après un plat copieux de 9 pièces de sashimi de poissons crus avec une pâte verte à très forte saveur de raifort qui aromatise mon palais avant de remonter dans le nez et finir en larmes dans mes yeux. Pas besoin d’aller au bout du monde pour connaître des saveurs d’ailleurs car Paris est vraiment d’une richesse incomparable dans le domaine des saveurs exotiques… Mais ce n’est que mon avis personnel.
Ah oui ! J’allais oublier la soupe aux champignons noirs que j’ai dégustés dans ce fameux restaurant japonais dont l’enseigne seule était tout un poème. Si ces champignons vous intéressent par hasard, je vous laisse le soin de les découvrir sur le site de « Mycologie en Moselle-Est » sous le nom vernaculaire d’oreilles de Judas, si ma détermination des champignons cuits s’est avérée exacte.
Le lendemain matin je me rends donc à l’aéroport avec trois heures d’avance car j’ai horreur d’arriver en retard, et je préfère arriver avec quelques heures d'avance plutôt qu’une seconde en retard.
Je passe mon temps à m’imaginer les raisons qui poussent toutes ces personnes à partir. Peut-être fuient-elles un lieu qui ne les retient plus, peut-être espèrent-elles trouver ailleurs ce qu’elles cherchent. Peut-être vont-elles simplement retrouver des personnes chères ou encore comme moi cherchent-elles tout simplement à connaître le monde comme un poussin qui vient d’éclore et qui veut tout connaître après être sorti de sa coquille ou plutôt de sa région d’origine qu’il n’a pas souvent quitté.


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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:08

Arrivée à Madagascar
Cela fait maintenant deux jours que je suis arrivé dans la grande île par l’aéroport d’Ivato et je suis descendu dans un hôtel non loin de cet aéroport car je ne voudrais pas m’éterniser dans la capitale. J’ai l’intention de me lancer dans la découverte de la Grande île en commençant par le haut. Diego Suarez dans le Nord du pays avec sa mer d’émeraude et ses plages de sable blanc m’attire mais le guide malin du routard qui se respecte m’a averti que de petites puces des sables ont la fâcheuse habitude de se loger près des ongles de vos doigts de pied pour y  pondre leurs œufs.
En attendant, je me promène non loin de la capitale dans un verger planté d’arbres exotiques que je découvre les uns après les autres parfois grâce aux nombreux fruits ou fleurs qui les garnissent. Les litchis qui pendent en grosses grappes attirent autant de mouches que les Satires puants (Phallus impudicus voir sur le site cité plus haut). Des bambous avec des troncs de la grosseur d’un poing d’homme se serrent les uns contre les autres en formant un mur impénétrable si on n’est pas armé d’une tronçonneuse pour se frayer un passage ou encore ces drôles de Rince-bouteilles rouges ou plante goupillon, sans compter le symbole de l’île : La plante endémique par excellence : Le Ravinala ou Arbre du voyageur avec son port en éventail et des feuilles en forme de pagaie dont la base renflée accumule l’eau.
Ici, les personnes que vous rencontrez vous adressent un sourire qui illumine votre journée alors que chez ces gens là en occident, on reste enfermé chez soi devant la télé et pour sortir on ne le fait que pour refermer la porte de son garage avant de s’asseoir dans sa voiture et de s’arrêter sur le parking du supermarché, le plus près possible de l’entrée. Ici les gens vivent dehors et mangent une poignée de odeur forte odeur dans tout le quartier  attache au fond des marmites riz.  

Est-ce tout cela le secret du bonheur qui semble se lire sur les visages ? Si les personnes obèses sont extrêmement rares, je pense à tort peut être que les nombreuses mouches ont déjà sucé la plupart des protéines de la viande de zébu qui est pendue aux stands. Ici, pas de déchets, on vend simplement la totalité du zébu coupé en quartiers, mais ce sont des mets que ne peuvent s’offrir la plupart des gens que de rares fois dans l’année.
Le rythme de la vie est cadencé par le célèbre « mora mora » (doucement, doucement) et les panneaux de signalisation routière sont très rares voire inexistants et si vous désirez la priorité, vous klaxonnez et vous tendez la paume de la main. Si vous voulez arrêter un taxi ou si le chauffeur veut vous proposer ses services, il tend l’index. Ces signaux ne sont pas toujours respectés et de toute façon, c’est toujours le premier arrivé qui obtient la priorité à moins que vous ayez devant vous un piéton inconscient qui vous oblige à ralentir. Autres peuples, autres mœurs.
Ce matin le café avait un goût d’autrefois, d’il y a cinquante ans, quand, petit garçon, ma grand-mère me servait un café ‘bouilliu’ qui n’était pas foutu pour autant mais avait simplement mijoté pendant des heures sur un coin de la plaque chauffante de la cuisinière à charbon. Le lait de zébu d’ici n’est pas pasteurisé, aseptisé ou écrémé comme en France mais il est directement versé du pis de la vache dans votre tasse en passant par la cruche ou alors souvent on vous propose encore une coupelle du fameux lait condensé Nestlé.
La nature est très présente ici et même si le progrès veut rentrer par la grande porte, le naturel revient au galop par toutes les issues. Le plus fatiguant en ville est de se débarrasser de la ribambelle d’estropiés ou de gamins en haillons qui réclament de l’argent. Si vous avez le malheur de faire l’aumône à un seul d’entre eux, cette information se répand comme une traînée de poudre et bientôt vous serez envahi par une vingtaine de mendiants dont certains n’hésiteront pas une seconde à vous faire les poches dans la confusion. Il serait tellement simple de se détourner de cette misère en ne fréquentant que les endroits « clean ». Pourtant je crois qu’il ne faut pas ignorer simplement ce qui se passe ailleurs car nous sommes en grande partie responsables de la misère de certains de ces pays car tout a un prix, même si c’est un prix virtuel.
Des stocks gigantesques de pollution sous forme de matériel en tout genre qui, dépassé chez nous se vend au rabais dans les pays émergents en polluant ces pays qui ne sont pas équipés pour recycler. Nous pourrions trouver des exemples sans fin car les pays occidentaux subtilisent globalement les trois quarts des richesses naturelles du globe alors qu’ils sont largement minoritaires par rapport à la population mondiale. Nous surproduisons avec des méthodes qui sont hors de portée des pays pauvres, ce qui fait dégringoler les prix chez eux et devient de ce fait inintéressant à produire.
Les incohérences sont parfois très frappantes car si vous trouvez des cocotiers un peu partout, jusqu’à une période récente on pouvait voir sur la route de l’aéroport trois cocotiers grandeur nature en… plastique bleu, importés bien sûr.
Il y a aussi des choses qui nous paraissent amusantes : une femme qui se rend dans un salon de coiffure dira qu’elle va dans un salon de tissage et de tressage. Il est vrai que les salons de coiffure sont très rudimentaires avec deux chaises, et dans un coin un seau d’eau dans lequel on puise de l’eau qu’on verse sur la tête des clients au-dessus d’un « lavabo » sans robinet. Pourtant quand commence la danse du « foen » et de la brosse à sculpter les cheveux, c’est un spectacle qu’il faut avoir vu au moins une fois, le tout pour la modique somme de un ou deux €.
La rémunération moyenne d’un ouvrier est de 30 à 40 € par mois. Il est vrai que lorsqu’il y en a un qui travaille, les dix autres le regardent faire car je peux facilement supposer qu’ils ont à cœur de garder du travail pour le lendemain.
En ce moment c’est la récolte du riz qui se pratique à la faucille et les grains de riz sont récupérés en frappant violement les gerbes sur le sol où les grains sont balayés en tas, puis ramassés après séchage et en les lance en l’air pour que le vent emporte tout ce qui n’est pas comestible et plus léger que les grains de riz.
Partout les fleurs donnent des notes colorées aux paysages, pourtant les oiseaux sont rares près des rizières autour de la capitale car il n’y a guère que des grues blanches qui attendent patiemment près de l’eau le passage d’un petit poisson ou autre batracien à se mettre dans le bec. Bien sûr des canards sont partout même dans les rivières polluées par les égouts de toutes sortes qui les alimentent directement.
Après quelques jours passés dans la capitale, il est plus que temps de mettre le cap vers d’autres cieux et sans vivre dans le luxe, ma poche est bien garnie avec un bon paquet composé des plus grosses coupures d’argent local dont le plus gros billet vaut suivant les jours moins de quatre €. Donc pour payer un billet d’avion en ligne intérieure il faut compter environs une bonne cinquantaine de ces billets pour l’aller et autant pour le retour et ne comptez pas trop sur les retraits des banques automatiques avec votre carte bancaire car souvent les retraits sont très limités.


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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:09

Diego-Suarez (Antsiranana)
Dans le Nord, à Diego Suarez je suis accueilli par une bouffée d’air chaud et humide. La baie de cette ville côtière ressemble à s’y méprendre à la baie de Rio de Janeiro avec son pain de sucre planté au centre. Vous me croirez si vous le voulez mais au nord de la ville se situe l’Anse de la Dordogne et au nord-ouest le port de la Nièvre à près de 8000 Km de la Métropole. En ville vous avez par exemple la rue du Gal de Gaulle près du consulat de France et la rue Courbet, Sadi Carnot, Avenue de France, rue de Richelieu, la rue Castelnau, l’avenue du Gal Leclerc, L’avenue Pasteur ainsi que la statue de Joffre sur la place du même nom et naturellement les trois longues artères : La rue Colbert, le Bd Etienne et la rue de la Marne. La décolonisation a certainement oublié ce coin reculé à plus de 1000 km de la capitale Antananarivo par la route et les gens d’ici qui n’ont aucune idée de ceux qui portaient tous ces noms illustres et s’en balancent royalement d’ailleurs car leur préoccupation journalière est de se remplir le ventre tous les jours, que ce soit dans la rue de Richelieu ou sur le Bd Etienne (il n’est pas dit de quel Etienne il s’agit).
Un feu intense me brûle le palais ce soir et la douleur est intolérable dans chaque recoin de ma bouche. Pourtant je ne suis pas devenu cracheur de feu mais j’ai simplement voulu goûter au contenu des trois coupelles qu’on a posé devant moi au restaurant le Venilla rue Surcouf. Si ce n’est pas du piratage, cela y ressemble fortement. C’était des amuse-bouches qui vous arrachent la gueule... (Pardonnez l’expression). Ma curiosité a été satisfaite mais on ne m’y reprendra plus. Par contre le filet de mérou aux câpres est simplement divin et n’a rien à voir avec le poisson qui après avoir passé aux halles de Rungis en voyageant à travers toute la France vient atterrir dans notre assiette. Ici nous sommes à 100 mètres de la mer et les poissons pêchés le matin sont sur votre assiette à midi sans avoir un seul Km au compteur. Au dessert, j’ai droit à une soupe de fruits flambés au rhum.
Diego-Suarez est vraiment une ville attrayante par ses restaurants et par sa baie qui est la seconde au monde après celle de Rio de Janeiro en taille. L'ambiance y est très chaude le soir et l'animation dans la rue principale est garantie.
La pêche artisanale qui se pratique ici demande de grands efforts à ceux qui la pratiquent car en partant avant les premières lueurs de l’aube, les pêcheurs reviennent dans la matinée pour fournir les restaurants et les marchands de la ville. Les frêles pirogues luttent parfois pour regagner la plage avec leur précieux chargement. Le port n’accueille que des navires chargés de conteneurs bourrés de pièces usagées, de vieux habits d’Europe ou des contrefaçons de Chine probablement.
Sur les trottoirs de Diego-Suarez certains sont allongés dans les poussepousses qui ne servent pas à grand-chose car les rares touristes préfèrent se faire véhiculer par des taxis dont la course en ville revient au prix d’un ticket de bus ou de métro chez nous.

Les casseurs de cailloux au bord de la route rythment leur travail par des toc…tap…troc…tac et leurs enfants auront certainement le même métier de casseur de cailloux que leur père ou leur mère alors qu’en France de nombreux métiers d’autrefois comme par exemple les ripiers ont totalement disparu.
La soirée promet d’être chaude car dans les nombreux locaux où on sert une mauvaise bière ou des sodas très sucrés on entend les rythmes du salegy ou du watcha watcha qui sont des danses locales très suggestives et qui « bougent » comme diraient les jeunes d’ici. D’autres chansons de jadis comme « le temps des cerises » ou autre « j’entends siffler le train » m’ont fait faire un sacré bond dans le passé.
En me promenant rue Lafayette avec ses trottoirs encombrés de marchands très variés, je suis tombé sur un « grossiste » de khat récolté frais le matin et revendu aux nombreux marchands qui redistribuaient cette drogue douce dans la rue. Il m’aurait été facile de racheter tout le stock au marchand et de le redistribuer en toute légalité…chose inimaginable en France. Cette plante est formée de petits paquets de branchettes terminées par des feuilles d’un vert tendre que de nombreuses personnes broutent et mâchent en formant une boule proéminente sur la joue.
Pas grand-chose en champignon à part ces espèces de Daedaleopsis confragosa en moins rougeâtre qui colonisent une souche de cocotier calciné.


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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:10

A la plage de Ramena
Des cabanons fabriqués en tôles ondulées ou de bric et de broc sont plantés à moins de 30 mètres de la plage de sable blanc. La crasse et les odeurs nauséabondes faites d’un mélange de détritus en décomposition et de nourriture préparée sur de petits réchauds à charbon de bois n’encouragent pas les touristes à rester longtemps à cet endroit qui pourrait être paradisiaque. Malheureusement il faut que l’homme détruise tout comme s’il régnait sur terre que pour détruire ce qui est beau. Rien n’est entrepris pour réparer ou embellir faute de moyens selon les dires. Pendant ce temps là des grappes de jeunes en âge de travailler font des siestes à longueur de journée. Sur la plage une barque avec un fond crevé est couchée sur le flanc. Pour elle il ne sera plus question d’aller faire une virée en mer. Si personne n’a un travail fixe, de nombreuses personnes ont leur «handy» même s’ils n’ont pas les moyens de se payer une recharge. Ils se contentent de « biper » pour avertir l’autre qu’il a quelque chose à lui dire.
Ici, chez le « raseur » de la plage, le « client » est assis sur un caillou pour se faire raser le crâne et lorsque la « coupe coco » est terminée, un coup de pied dans les reins l’expulse du siège et le suivant enlève déjà son tee-shirt délavé pour prendre la place et le ballet d'une vieille tondeuse électrique dont le fil se perd dans les méandres des planches et des tôles entassées recommence.
Sur la route qui nous ramène vers la ville, nous rencontrons des ânes qui sont certainement croisés avec des zèbres car ils ont encore des zébrures sur les pattes. Les chèvres, les ânes et les poules circulent librement sur la route. Les zébus portent des marques au fer rouge sur le train arrière. Les sentiments n’ont pas leur place ici où la vie peut être si belle mais également très cruelle.
Une vie ne semble pas avoir beaucoup de valeur ici car les risques de maladie ou d’accident ne sont pas pris en compte par de nombreux individus qui mettent leur destin dans les mains de Dieu en ne comptant que sur la chance.
Un peu plus loin sur la piste, nous longeons une mangrove et entre les nombreuses racines des palétuviers des milliers d’araignées d’eau filent à une vitesse incroyable. Ces petits crabes dont certains sont presque transparents s’enfoncent sous le sable dès que l’eau de la marée arrive. La piste est en mauvais état et les nids de poule peuvent atteindre une cinquantaine de cm de profondeur et plusieurs mètres de diamètre en ressemblant à nos mardelles (trous de bombes de la dernière guerre mondiale). Tantôt c’est une végétation dense faite de broussailles, de baobabs, d’arbustes ou d’arbres dont certains portent des fruits comestibles et parfois ce sont des cactus qui offrent une vision inhabituelle pour les « vahazas » (étrangers).
Le chauffeur de taxi s’est assis au bord de la route à l’ombre d’un grand arbre avec deux branches en fourche. En grimpant le talus je rencontre des centaines de mille pattes dont certains sont enroulés sur eux-mêmes. Ils ont une taille trois fois à quatre fois supérieure à celle de nos mille-pattes français. Arrivé près du tronc que j’examine dans l’espoir d’y trouver un champignon, je découvre avec surprise un serpent qui semble faire la sieste juste dans la fourche des deux branches. Après avoir pris des photos, j’ai caressé avec une branchette sa peau sur le dos et vif comme l’éclair il a lancé sa tête vers l’endroit où la branchette était entrée en contact avec son corps. Puis sur la défensive, son corps est devenu dur comme s’il avait bandé tous ses muscles et qu’il se tenait prêt à frapper une seconde fois. J’ai abandonné le serpent dans cette posture pour pousser plus loin mes investigations avant de revenir par le même chemin car la végétation trop dense ne me permettait plus d’aller plus loin.
Un coupe-coupe pour pousser plus loin mes investigations m'aurait été très utile. Quand je suis de nouveau arrivé près de l’arbre avec les branches en fourche, j’ai constaté que mon serpent s’était calmé et avait repris sa sieste comme si rien ne s’était passé. Il est très pénible de rester plus de cinq minutes sous ce soleil brûlant et je me contente de faire de petites incursions en surfant d’un arbre à l’autre pour progresser à l’ombre.


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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:10

Départ vers l’île paradisiaque de Nosy-Be
Mon état de santé est plutôt déplorable après huit jours de présence dans la Grande île car j’ai un rhume causé par la climatisation de l’hôtel que j’avais réglé à fond et je tousse à m’arracher les poumons car j’ai dormi une nuit entière avec un diffuseur de produit anti-moustique que j’avais installé la veille. Pour terminer ce bilan médical, mon organisme est capable de transformer non pas de l’eau en vin mais tout solide ingéré en liquide. J’ai préféré le jour même me rendre dans une pharmacie pour acheter du charbon qui traite les diarrhées et avec un sirop contre la toux ainsi qu’une boîte de vitamines C et tout est rentré dans l’ordre en peu de temps. D’ailleurs je n’avais pas le temps d’être malade car dès le lendemain matin 5 h c’est le départ en taxi-brousse puis en vedette rapide vers l’île paradisiaque de Nosy-bé. C’est une île qui ne fait guère plus d’une dizaine de Km2 de long dans une mer d’émeraude. Bien sûr c’est un des endroits les plus prisés et parmi les plus cher de Madagascar, un peu comme notre côte d’Azur. Sauf que cette île possède encore une forêt primaire et de belles plages désertes.
Donc le taxi-brousse se pointe dès quatre heures du matin avec une bonne heure d’avance et cinq minutes plus tard il est bondé avec une vingtaine de passagers pour une camionnette limitée à onze places en France. Les amortisseurs ne sont pas une nécessité dans ce pays où de toute façon il faudrait les changer chaque mois. Les bagages bien arrimés à l’aide de cordages sur le toit du véhicule et serrés comme des harengs dans une boîte nous voilà en route.
La voiture file à une allure guère rassurante jusqu’à la première station service et là il faut près d’une demi-heure non pas seulement pour faire le plein mais le chauffeur palabre longuement avec un individu en tee-shirt rouge jusqu’à ce que cet individu ouvre la porte coulissante latérale de la camionnette et se coince tant bien que mal sur la banquette près de trois passagers qui étaient déjà à l’étroit, ce qui a occasionné une autre discussion entre le chauffeur et les passagers de la banquette qui n’étaient pas heureux. Naturellement il fallait rattraper ce temps perdu et le chauffard commence à oublier les règles élémentaires de sécurité et traverse les villes et villages à l’allure des participants du Paris-Dakar. Ce n’est qu’après avoir presque écrasé un enfant qui jouait près de la route et tenté de doubler en sommet de côte alors qu’un véhicule venait en sens inverse que l’un des passagers a finalement réagit en menaçant le chauffeur de porter plainte à la gendarmerie dont les barrages sont fréquents sur la route.
J’ai enfin compris à quoi pouvaient servir ces check points avec des herses sur la route. A chaque arrêt une conversation s’engage entre le chauffeur et les gendarmes en armes puis nous repartons sans encombre après que le chauffeur ait offert un journal dans lequel est glissé un koli koli (pot de vin).
Au début de notre voyage, la route est dans un état satisfaisant si on fait abstraction des quelques nids-de-poule entre lesquels notre pilote de course slalome. Mais à une vingtaine de Km de notre lieu d’embarquement en traversant une forêt de cocotiers, caféiers et de nombreux autres arbres qui me sont encore inconnus, la route devient impraticable car elle est totalement défoncée et se trouve être la cause de secousses qui vous envoient avec la tête dans le plafond à chaque chaos. Le chauffeur tente bien que mal d'éviter les nombreux trous en nous envoyant brinqueballer de gauche à droite. Il faut bien se tenir et en même temps surélever ses fesses pour amortir le prochain chaos. Enfin en deux mots une vraie partie de plaisir pour laquelle il fallait payer.
J’ai bien vu de nombreux polypores sur des troncs tombés mais il m’était impossible de retarder le voyage car le bateau nous attend pour nous emmener au terme du voyage.
Par contre, les paysages traversés sont simplement sublimes, comme ceux qu’on voit dans les films : des rivières tumultueuses, des montagnes ou tsingy qui sont des zones de reliefs karstiques hérissés d’aiguilles calcaires et des forêts avec des essences vraiment inhabituelles pour moi. C’est un pays à mille facettes. Dans les campagnes il n’y a pas d’électricité mais l’hôtel possède son groupe électrogène et pour ce qui est de l’eau chaude, il ne faut pas rêver. Malgré la chaleur, mon corps subit un choc thermique à chaque fois que je veux me doucher. Mais il faut dire qu’il n’y a rien de tel qu’une bonne douche froide pour me sortir de la léthargie dans laquelle me plonge la température chaude et humide du bord de mer.
Au restaurant de la plage le contenu d’une assiette posée sur le comptoir attire mon attention car on dirait à s’y méprendre nos chères cornes d'abondance séchées : (Craterellus cornucopioïdes: voir le site Champignons en Moselle). A ma question, la patronne des lieux me dit que ce sont des fleurs d’Ylang ylang (Cananga odorata) dont les arbres sont cultivés à grande échelle. L'essence de ces fleurs est utilisée en parfumerie (huile de Madagascar). Ces arbres qu’on étête pour faciliter la récolte des fleurs sont les lieux de prédilection des caméléons qui se nourrissent des nombreux insectes qui viennent certainement pour la pollinisation de ces fleurs odorantes d’une couleur jaune pâle en forme d’étoile. Renseignement pris, un pied de cet arbre âgé de dix ans peut fournir jusqu’à quinze Kg de fleurs. Il en faut plusieurs centaines de Kg pour obtenir par distillation un litre d’huile essentielle de qualité olfactive variable, de l’essence super-extra à l’essence de qualité. Toujours selon le guide évasion de Madagascar, l’Ylang Ylang offre une fragrance d’une puissante suavité qui confère de l’amplitude, du volume et du montant à certaines compositions lentes à s’épanouir… : tout un poème là encore, et c’est à mon avis des commentaires qui n’ont rien à envier à ceux dont on qualifie certains de nos vins en France, même si nous ne ressentons pas toutes ces impressions avec les mêmes sens.


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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:11

Forêt de Lokobe
Après un déplacement de sept Km en pirogue en zigzaguant entre les palétuviers, descendant parfois de la pirogue pour la pousser car elle touchait le fond de la mer, nous atteignons un bout de la forêt primaire de Lokobé qui offre une palette faunistique et floristique peu commune pour moi.

Nous nous enfonçons dans les bois où les racines traçantes de certains arbres vénérables sont noueux et forment parfois des pièges si on ne regarde pas où on met les pieds. Des boas respectables, des oiseaux de paradis, des geckos, des lézards jusqu’à cinq fois plus grands que chez nous, enfin bref, à chaque pas mon regard est accroché par l’inhabituel.
Même ce champignon blanc dans toutes ses parties, géant de la taille de nos plus gros cèpes avec une surface du chapeau glacée et brillante. Je ne saurais même pas dans quelle famille le ranger car s’il a un peu la stature d’un Tricholoma, je ne mettrais pas ma main au feu pour affirmer qu’il fait partie de cette famille. La visite a vraiment été trop courte et je me suis juré que je referai des prospections plus longues mais sans guide dans des forêts semblables car les guides font ce parcours au pas de course.
Le déjeuner pris dans une case en bordure de forêt avec du poisson frais cuisiné sur la braise est simplement délicieux et la sauce coco dans laquelle nagent des morceaux de crabes est sublime.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:12

Départ de Nosy-Be
J’ai laissé à regret derrière moi l’île de Nosy bé ce matin à bord d’un hors bord ultra rapide pour ce pays où les bateaux poussifs crachant des nuages bleus tacataquent à travers les bras de mer pour joindre les nombreuses petites îles éparses.
A présent j’attends patiemment le taxi-brousse qui doit me ramener vers Diego. Tout ce que je connais de ce moyen de locomotion, c’est la somme acquittée quelques jours plus tôt y compris le voyage aller-retour en mer de ce qu’ils appellent le « Diego Direct ». Pour le reste, rien n’est prévisible, ni l’heure ni la référence des véhicules. Seul le hasard régit de manière aléatoire mes aventures.
A côté de moi un couple de malgaches vient d’acheter un ananas dans une des nombreuses gargotes dont les propriétaires se contentent pour certains d’étaler leur marchandise sur une toile à même le sol. Sans me connaître, le couple coupe l’ananas en trois morceaux et veut m’en offrir un tiers. Pourtant, avec les repas pantagruéliques que je me suis offert dans la jungle, je suis dans l’incapacité d’avaler quoi que ce soit et je les remercie vivement en leur racontant ce que j’avais déjà ingéré le jour même.
Diego Suarez avec ses nuits chaudes et moites, ses environs avec de belles plages, ses montagnes à l’horizon, ses îles environnantes c’est fini. Vers treize heures je reprends l’avion pour la capitale avant de m’envoler vers d’autres cieux.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:12

Voyage en Taxi-brousse
Me voici assis au fond d'un Taxi-brousse, ballotté de gauche à droite au gré des virages et je peux admirer au loin à l’horizon des Hautes terres le soleil qui embrase le ciel de ce jour naissant. Les nuages semblent fuir ce brasier qui prélude à une chaude journée tropicale. Le véhicule avance par phases synchronisées avec les moments d’endormissement du chauffeur qui a roulé toute la nuit et à qui une pause serait salutaire. J’hésite à demander d’arrêter ce véhicule car nous ne sommes plus qu’à quelques dizaines de kilomètres de notre destination et comme les trois quarts des passagers dorment du sommeil des innocents sans se rendre compte du danger que représentent les pentes abruptes qui bordent la route et qu’un virage manqué nous ferait dévaler, je préfère remettre ma vie aux mains du destin. Jusqu’à présent ma bonne étoile m’a toujours protégé et je ne serais certainement pas en train de raconter mes aventures et mésaventures si cette fois encore cela n'avait pas été le cas.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:12

Enquête policière
Cela fait plus de quinze jours maintenant que je sillonne l’île Rouge avec un inspecteur et un enquêteur de la police criminelle à la recherche du voleur qui m’a subtilisé une bonne partie de mes économies. J’ai accompagné les policiers dans le sud de la Grande Île en étant persuadé que le voleur allait se cacher à près de mille kilomètre au sein de sa famille. Nous avons donc, muni d’un ordre de mission, débuté notre enquête juste sur le tropique du capricorne.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:13

Tuléar et sa région sous le tropique du capricorne
Il fait chaud, très chaud dans cette région où même les plantes se munissent d’épines pour empêcher les zébus de les priver de leurs précieuses feuilles.
A bord d’un quatre roues motrices nous avançons péniblement dans les sillons creusés dans le sable par les rares véhicules qui sillonnent cette région sèche et déserte dont le décor se résume à des buissons épineux écrasés par un soleil implacable. De plus en plus souvent, des cailloux raclent maintenant le dessous du véhicule qui a de plus en plus de difficultés à avancer et les roues commencent à ne plus trouver prise dans le sable fin dans lequel elles se sont enfoncées. Nous décidons donc de quitter ce véhicule pour avancer à pied dans l’espoir de trouver un tronçon de piste plus favorable un peu plus loin car il nous reste encore plusieurs heures avant d’arriver dans ce petit village de pêcheurs où habitent les membres de la famille du voleur, qui nous l’espérons vont nous fournir des indications permettant d’avancer dans cette enquête. L’inspecteur choisi ce moment pour aller à des affaires pressantes et je serais curieux de savoir comment il va se débrouiller pour se nettoyer car à part le sable et les plantes épineuses, je ne vois aucune autre solution pour remplacer le précieux papier toilette qui est utilisé chez nous… J’espère qu’il ne s’est pas servi de son ordre de mission pour cela.
Après avoir bataillé et transpiré plus que nécessaire, nous voilà arrivés à bon port dans ce petit village au bord de la mer du canal du Mozambique. En parlant de village, je ne vois que quelques cabanes en bois et en matériaux naturels qui ne comptent qu’une pièce chacune.
Mais si nous faisons connaissance avec la famille proche du voleur, pas de trace du voleur et sa famille nous avoue ne plus l’avoir vu depuis des lustres.
Par contre la famille nous indique une autre piste plus proche de la mer qui est plus praticable pour le retour en ville. Cette fois, c’est la végétation qui met à mal la peinture du véhicule car la piste est bordée d’épineux plus hauts que le véhicule et les branches fouettent celui-ci au point d’y tracer de longues éraflures.
Nous arrivons enfin en ville afin d’y surveiller les boîtes de nuit et autres lieux de divertissement. Vers trois heures du matin, nous décidons d’aller prendre quelques heures de repos. Je m’affale sur le lit de l’hôtel en faisant tourner au maximum les pales du ventilateur et en ayant soin d’ajuster ma moustiquaire afin de ne pas laisser perturber mon sommeil par des insectes qui sont les animaux les plus dangereux de la grande Île car certaines espèces femelles d’anophèles véhiculent le parasite d’un paludisme.
Même avec tous les lézards, geckos et autres caméléons de toutes les couleurs très abondants dans la région et qui se nourrissent d’insectes, ces derniers sont très nombreux et souvent agaçants.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:13

Suite de l’enquête policière
Les jours se suivent et mes économies fondent sous le soleil sans que l’enquête ne nous apporte rien que des espoirs vains. Monsieur cent mille volts comme je surnomme l’un des enquêteurs qui semble être taillé dans du palissandre n’est pas prêt à céder au pessimisme et se dit prêt à suivre le voleur jusqu’en Amazonie si nécessaire.
Ils ne font pas les choses à moitié mes deux enquêteurs car sous leur chemise ils portent à même la peau un étui avec de vrais pistolets chargés qu’ils sont fiers d’exhiber quand ils ont décidé de se payer un peu de bon temps en éclusant par exemple huit grandes bières à deux en moins d’une après-midi. Ceci à mes frais bien entendu, comme tout le reste d’ailleurs, hôtel, restaurants, frais de transport et même les unités de leurs téléphones portables. Je me sens obligé de leur faire la leçon et de les menacer d’arrêter de financer cette enquête sur le champ et de faire mon rapport au commissaire en rentrant s’ils persistaient dans leur comportement inqualifiable. Cela leur a donné une douche froide à tous les deux et ils m’ont supplié de leur pardonner et m’ont juré que cela ne se renouvellera plus.
J’ai donc décidé que pour réduire les dépenses nous arrêtions de jouer aux flics américains et au lieu de nous promener en 4 x 4 en ville, nous effectuerons nos trajets courts à pied et les autres en taxi-ville qui sont généralement de vieilles 4 L ou de mythiques 2 CV. Mais si j’effectue la plupart de mes déplacements à pied, nos deux enquêteurs préfèrent se payer pour l’équivalent de quelques dizaines de nos centimes des poussepousses pour les transporter sur des courtes distances.
Souvent ces moyens de transport rudimentaires qui pullulent dans certaines villes de Madagascar sont tractés par de jeunes malgaches qui n’ont même pas les moyens de s’offrir des chaussures et courent pieds nus sur l’asphalte brûlant pour un salaire de misère. Parfois le client se fait rare et ils attendent en rangées le long des trottoirs en hélant les passants d’un « pouch » qui fait penser qu’ils emploient leur dernier souffle dans un expir suppliant. Parfois lorsqu’ils ne connaissent pas le lieu de destination ils vont au hasard et s’arrêtent pour demander leur chemin aux passants. Ils sont même prêt à attendre gratuitement pendant plusieurs heures si ont leur promet d’utiliser leur service. Parfois ils sont obligés de traîner des personnes qui font le double de leur propre poids. Les brancards de leur gagne-pain sont assez longs pour qu’ils puissent régler leur position afin d’équilibrer le poids à tirer. Je ne me sens pas capable d’utiliser ce moyen de transport écologique, tout en sachant parfaitement que cela leur permettrait de gagner leur vie. Mes scrupules m’interdisent de voir un homme me traîner en courant devant moi tandis que je serais assis tel un pacha dans ce fragile véhicule à deux roues. Pourtant de très nombreuses personnes utilisent ce moyen de transport et les enfants en bas âge utilisent avantageusement ce moyen pour faire le trajet entre l’école et leur maison, ce qui leur évite de se faire renverser par une voiture car le plus souvent, lorsqu’il y a des trottoirs, ceux-ci sont encombrés par les marchands qui y étalent leurs marchandises.
J’attends dans cette ville du sud en bord du canal de Mozambique en compagnie des policiers avec un océan de patience la réponse de l’opérateur de téléphonie. Le procureur de la république n’a fait aucune difficulté pour rédiger la précieuse réquisition adressée à l’opérateur des téléphones mobiles qui doit nous fournir l’adresse et le détail des appels des personnes qui étaient en relation téléphonique avec notre voleur. Nous pensons qu’il vaut mieux rester sur place tant que nous ne savons pas où se cache notre voleur. Dès que nous recevons ce précieux papier, nous constatons qu’il est inutile de rester dans le sud du pays et que c’est plutôt sur la côte Est que résident les personnes que nous recherchons.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:14

Tamatave, ville portuaire sur la côte Est (Toamasina)
Dès le lendemain de notre retour vers la capitale nous voilà de nouveau en route une fois de plus avec un inspecteur et deux enquêteurs ainsi qu’une complice qui se dit prête à collaborer. Ils sont tellement convaincus de pouvoir rentrer avec un wagon de complices et du voleur que je ne peux que me laisser envahir par cette confiance.
Je laisse une fois de plus derrière moi les magnifiques jacarandas qui forment un tunnel de fleurs mauves sur la route qui borde le lac d’Anosy dans la capitale. Ces arbres aux fleurs splendides sont d’autant plus curieux qu’ils pleurent de grosses gouttes d’eau. Non loin de là se situent le ministère de l’intérieur et le commissariat de la police criminelle dont les membres en civil de la troisième section m’accompagnent pour retrouver mon voleur. Ce pays est vraiment paradoxal car si certains endroits peuvent dégoûter par leur puanteur, leur crasse et par leur pollution visuelle, d’autres sont vraiment enchanteurs.
Si le lac offre également le spectacle des hérons garde-bœufs qui guettent la surface de l’eau à la recherche de petits poissons, le héron anthracite ou plutôt l’aigrette ardoisée (Egretta ardesiaca) emploie une autre méthode qui consiste à déployer ses ailes en parapluie pour éviter les reflets du soleil sur l'eau et ainsi mieux voir ses proies. Les rapides Martins pêcheurs comptent plutôt sur leur vitesse et telles des flèches d’un bleu-outremer trouent la surface de l’eau pour y embrocher leurs proies.
La journée commence mal car après un voyage en taxi-brousse qui a duré une bonne partie de la nuit, nous arrivons tous les cinq fourbus et accueillis par une pluie tropicale devant le seul hôtel qui dispose encore d’une chambre à deux lits.
Le jour se lève sur cette ville de la côte Est et les poussepousses zigzaguent entre les flaques d’eau qui par endroits recouvrent entièrement la route. Nous décidons donc de commencer tout de suite nos investigations et d’aller quérir l’une des personnes en contact avec notre voleur. Malheureusement celui-ci nous dit l’avoir vu il y a quatre jours de cela et qu’il n’a aucune idée de l’endroit où il pourrait se trouver maintenant. Les deux autres personnes détiennent un certificat de perte de leur téléphone, ce qui leur évite d’être suspectés et nous nous rendons à l’évidence qu’il est difficile de demander une réquisition pour chaque personne qui était en contact téléphonique avec notre voleur. Nous décidons donc de demander une réquisition pour la personne qui a le plus grand nombre de relations téléphoniques et qui se sert du téléphone qui appartenait à un certain Arsénio qui nous a montré un certificat de perte de son téléphone.
Tamatave est une ville portuaire de l’Est du pays au bord de l’océan indien. De nombreux poussepousses sillonnent les rues de cette citée où il pleut très souvent et qui est très exposée aux nombreux cyclones qui traversent l’île.
Encore et toujours cette attente. Depuis trois semaines maintenant nous attendons avec impatience les résultats de la nouvelle réquisition. J’ai le sentiment profond d’avoir été lâché par mes enquêteurs depuis que j’ai distribué dans la rue plusieurs centaines de photos du voleur avec la promesse d’une prime de un million de Francs Mg à qui fournira des renseignements permettant d’arrêter le voleur.(1000000Fmg = +/- 80€ soit la paye mensuelle de certains fonctionnaires de l'état malgache).
Le commissaire principal m’avait pourtant déconseillé d’avoir recours à ce système mais devant les résultats décevants de la police criminelle, j’ai pensé que c’était encore le meilleur moyen d’avoir des résultats positifs.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:14

Majunga une ville au Nord-Ouest
J’ai suivi seul une autre piste peu sérieuse qui m’emmenait dans le Nord-ouest de l’île et j’ai distribué à tous les hôtels de la ville mon avis de recherche. Pourtant un avis de recherche officiel avec un tampon du ministère de l’intérieur, secrétariat d’état chargé de la sécurité publique, direction de la police nationale, direction de la police judiciaire, et enfin service central des affaires criminelles a été envoyé dans les commissariats et les bureaux de gendarmerie des principales villes du pays sans résultat. Le hasard veut qu’une personne comme on aimerait en connaître beaucoup me dit que le directeur de la police criminelle est justement un copain de promotion et que si je le désirais, il se ferait un plaisir de m’accompagner rendre une visite de courtoisie à son copain. Le directeur se montre très coopératif et après un coup de baguette magique ou plutôt un coup de téléphone à qui de droit, il débloque l’affaire et voilà mes policiers plus déterminés que jamais à coup de tatanes dans les jambes des suspects pour leur faire avouer ce qu’ils savent sur le voleur. Mais là encore pas de résultats bien encourageants et j’ai bien peur que le Père Noël ne me rendra pas les économies qui m’ont été dérobées.
En attendant le dénouement de cette triste affaire, je fais un peu de prospection dans les espaces verts et je cadre des phasmes qui ne sont pas trop rares ici, à condition de ne pas les confondre avec des végétaux. Ces phasmes ont la particularité de se fondre dans leur environnement. (Mimétisme)
Parfois on peut croiser également des enfants qui se promènent dans les ruelles avec un bambou en haut duquel est accroché un caméléon. Après m’être renseigné, il parait qu’ils s’en servent pour organiser des combats de caméléons. Ce sont généralement de petits caméléons verts qu’il est possible de capturer sans aucune difficulté dans les buissons des espaces verts de la capitale. Mais dernièrement j’ai croisé une femme assise au bord de la route avec un bambou au bout duquel était accroché un grand caméléon de plus de trente centimètres. Elle voulait le vendre pour la somme de vingt €, mais je pense que celui qui négocie aurait réussi à l’acquérir pour moins du tiers de cette somme qui représente encore plus de la moitié du salaire mensuel d’un ouvrier. Ces charmants animaux avec leurs yeux globuleux capables de regarder dans toutes les directions regardent parfois dans le passé et dans l’avenir selon les dires des malgaches car ils peuvent aussi bien regarder devant eux que derrière eux.
La seule arme des caméléons est de changer de couleur selon leur environnement pour échapper aux prédateurs.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:15

Dernière ligne droite avant le retour en France
Nous sommes à la veille de Noël et toujours pas de piste sérieuse. Un des témoins qui a été convoqué par la police a pris la fuite et cela retarde d’autant notre enquête. J’ai donc demandé qu’une nouvelle réquisition soit préparée et qu’on fasse un transfert de compétences au commissariat de la ville où se cache le voleur pour éviter des déplacements onéreux juste pour auditer un témoin en relation téléphonique avec notre voleur par exemple. Les fêtes de fin d’année vont retarder d’autant l’enquête et il ne me reste guère plus d’un mois avant de revenir en France.
Il vaut mieux ne pas faire l’expérience des prisons malgaches où la famille est obligée d’apporter de la nourriture au prisonnier qui leur est cher pour empêcher qu’il meure de faim… Donc je préfère être à ma place qu’à celle de mon voleur s’il se fait prendre.
De toute façon, je ne m’attarderai pas trop chez moi où il doit faire froid et humide. Ici, c’est au mois de janvier et février que le plus grand nombre de plantes fleurissent et où les fruits et légumes seront disponibles à profusion pour un prix ridicule d’une vingtaine de nos centimes au kilo pour certains. Les kakis par exemple sont vendu à environs trente de nos centimes au kg alors qu’en France nous les payons entre cinquante et quatre vingt Cts pièce.
Actuellement les frangipaniers émerveillent avec leurs fleurs nacrées et il serait si facile d’en faire des colliers pour suspendre au cou des touristes, mais ceci se fait déjà dans une autre partie du monde où on a un peu plus d’imagination qu’ici.
En ces jours qui précèdent les fêtes de fin d’année, les délestages sont de plus en plus fréquents dans la capitale et presque tous les soirs nous avons droit à une coupure de courant qui peut durer une heure ou deux parfois. Selon certaines sources, cela serait la cause de certaines grosses compagnies « françaises » qui font tout ce qu’elles peuvent pour que cela continue car elles trouvent un gain substantiel à entretenir et remplacer le matériel vieillot de la compagnie d’électricité. Au point que cette dernière est incapable d’accepter un seul autre branchement de maison ou autre, à moins d’être en mesure de payer une petite fortune pour ce faire. De toute façon cette compagnie est constamment déficitaire selon d’autres sources car ni l’université ni les ministres et autres corps consulaires n’honorent leur facture de courant.
Mais lorsqu’il y a une telle profusion de fleurs de fruits et de légumes est-il nécessaire d’avoir aussi tout le confort d’une vie occidentale ? Et pourtant, parfois il serait agréable de pouvoir regarder des émissions, ou simplement l’actualité à la télé car les six ou sept chaînes locales diffusent la plupart du temps des émissions en langue malgache et il est difficile d’apprendre cette langue car elle avale la moitié des mots, comme par exemple le quartier où je réside qui s’appelle Ambohimanarina et qui se prononce Ambomanar’n. Un autre quartier où se trouve un immense stade se nomme Mahamasina et se prononce Mamas’n.
Hier je me suis donc rendu dans un magasin qui vous installe une parabole et vous loue un décodeur. Malheureusement il faut être titulaire d’un compte bancaire afin de permettre un retrait mensuel. Qu’à cela ne tienne, je me suis donc rendu dare-dare dans une banque pour ouvrir un compte, mais il faut être résident, ce que je ne suis pas et il faut un justificatif de revenu, ce que je ne porte pas avec moi à 9000 kilomètres de chez moi. Ceci dit, peut-être est-il possible de trouver un « arrangement » moyennant finances bien sûr car même si dans tous les lieux publics sont affichés des panneaux de sensibilisation pour refuser de tels procédés, ils sont trop bien ancrés à tous les niveaux de la société pour les supprimer d’un jour à l’autre.
Mais voici arrivé le jour où je dois laisser derrière moi toutes ces pensées et découvertes pour regagner la France afin de refaire un nouveau visa d’un trimestre et reprendre de plus belles ces aventures car j’ai encore tant de choses à découvrir afin de pouvoir les raconter dans quelques années à mes arrières petits enfants car pour mes petits enfants c’est presque trop tard déjà…

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:15

Morondave et sa région
Direction le sud-ouest après mon retour de France. A sept cent et un Km par la route et trois cent soixante quatre Km à vol d’oiseau de Tana (Antananarivo), la ville de Morondave est la ville la plus importante de cette région du Menabe. C’est un coin où il fait très chaud toute l’année et où la mer ne cesse de grignoter la terre au point que plusieurs villages et même un bout de la ville se trouvent maintenant recouverts par les eaux du canal du Mozambique qui sépare l’Afrique de Madagascar.
Les rues sont ensablées et il est très difficile d’y circuler en moto si on n’est pas habitué. Ce sable blanc et très fin n’a guère d’adhérence et la moto chasse au moindre manque de vigilance. Imaginez une ville du Far ouest américain construite à la hâte avec de la tôle ondulée et du bois où, non pas une plante séchée par le soleil traverse la rue en roulant, poussée par le vent, mais un sachet en plastique gonflé par une douce brise venue de la mer traverse la rue bordée de petite baraques qui proposent des fripes, ou des tas de produits chinois à des prix défiants toute concurrence. On y trouve également des sortes de beignets gras contenant parfois de la viande hachée et qui attirent une multitude de mouches.
Certains marchands chassent les mouches tant bien que mal avec une sorte de martinet où les lanières de cuir sont remplacées par des bandes de plastique.
On découvre également des restaurants et des hôtels très sympathiques qui parfois bordent la plage et où les vagues viennent mourir à dix mètres de vous pendant que vous prenez votre petit déjeuner sous une paillote.
Pour nous européens, la vie n’est vraiment pas chère car si vous pouvez obtenir une chambre qui donne sur la mer avec une douche à eau froide pour moins de sept € par jour, un repas copieux de poisson sauce coco au riz ou aux petits légumes ne dépassera guère quatre à cinq €. Mais il est fort possible de se rassasier pour moins d’un € si on n’a pas peur des microbes véhiculés par les mouches. Mais peut-être suis-je devenu un peu trop difficile car nos ancêtres ne connaissaient ni frigos ni les microbes et vivaient parfois plus sainement que nous qui sommes devenus des êtres très fragiles face aux agents pathogènes qui nous entourent.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:16

Rencontre avec un scientifique
Hier j’ai fais la connaissance de Emmanuel Fauroux qui a fait des études scientifiques très poussées sur la vie sociale et l’économie des habitants d’une partie de cette région du sud-ouest de Madagascar.
Plusieurs narrations m’ont amusée dans sa publication dont certaines un peu surréalistes pour notre conception de la vie. Ainsi je peux lire au chapitre des alliances dans la société traditionnelle que L’unité matrimoniale est souvent éphémère en pays Sakalava et le mariage est une institution qui n’a guère d’importance et se défait aisément. On se marie, en moyenne, trois ou quatre fois dans la vie, souvent plus. Les femmes âgées interviewées avaient eu entre quatre et dix maris (1*).
Voir : AOMBE 2 « Le bœuf et le riz dans la vie économique et sociale Sakalava de la vallée de la Maharivo » Era 1989 Emmanuel Fauroux Editeur Scientifique »
A l’annexe du chapitre I on peut ainsi lire ceci :
Les époux de Narina ; (Propos recueillis par E. Nérine-Razatovoson, le 18 Août 1986)
Narina a environ soixante ans ; elle est née à Manometinay, appartient au clan Tambahy et vit depuis de longues années à Beleo.
Elle s’est mariée quatre fois.
D’abord avec un Sakalava de son village natal, qui cultivait là bas des baiboho (champs situés sur les berges des cours d’eau). Ils cultivaient ensemble du manioc, des pois du Cap, des patates douces…
Ils vivaient bien, car à l’époque on vendait facilement, à bon prix, la récolte de pois du Cap. Pourtant ce premier mari ne lui a jamais offert de bœuf, et elle n’a pu avoir d’enfant avec lui.
Elle s’est ensuite mariée avec un boucher Betsileo, puis avec un Makoa de Bemokijy qui était militaire de carrière (béret rouge). Enfin avec un Antandroy qui vivait dans la région de Beleo et qui était éleveur.
Son mari Antandroy est mort, il y a plus de trente ans. De son vivant, lorsqu’il obtenait des bœufs contre la vente de produits agricoles, il lui donnait un sur trois. En de multiples autres occasions, aussi, il lui donnait un bœuf.
Quand son mari est mort, son troupeau avait soixante dix têtes, mais comme elle n’avait que des filles, elle a dû faire garder son troupeau à droite et à gauche par des parents. Entre les bœufs qu’elle a dû sacrifier pour des funérailles familiales, et ceux qui ont été perdus ou consommés par les personnes qui les gardaient, elle a finit par tout perdre et, maintenant, elle est définitivement pauvre.
Nous apprenons également dans cette édition que les vols de bœufs, depuis des siècles, sans doute, font partie intégrante de ce qu’on pourrait appeler le « mode de production sakalava »
Plusieurs types de vols se distinguent donc :
Au temps de la Monarchie Maroserana, les Sakalavas, dans le cadre de leurs activités guerrières normales, entreprenaient des raids aux dépend des groupes politiques qui leur étaient hostiles ou qui ne reconnaissaient pas l’autorité de leur souverain. Lorsque les raids étaient victorieux, ils donnaient lieu à un butin comprenant notamment des bœufs. Les bêtes capturées qui avaient survécu aux ripailles organisées après la victoire, pouvaient être jointes aux troupeaux des vainqueurs ; il s’agissait d’une activité connue de tous, honorable, en quelque sorte.
Depuis l’époque coloniale et l’instauration de la paix française, il n’y a plus de vols légitimes, et seulement en de très rares occasions, au début du XXè siècle, les vols ont pu être considérés comme un acte de résistance face à l’envahisseur.
On doit distinguer, aujourd’hui, les vols inter-lignagers, qui s’effectuent généralement à petite échelle, et les vols qui relèvent du grand banditisme, réalisés par des malaso armés, capables de tuer s’ils rencontrent une résistance.
Les vols inter-lignagers ont toujours existé et font partie des institutions sakalava. Ils avaient –et ont encore- fréquemment comme auteurs de jeunes hommes désireux de faire leurs preuves et d’affirmer leur virilité et leur courage aux yeux de leur entourage. Il s’agit alors de vols occasionnels (hala-jaza) pratiqués quand l’occasion s’en présente (on découvre un beau bœuf non gardé au hasard d’un déplacement) ou pour faire face à un soudain besoin d’argent.
Dans un autre cas, ce type de vol n’est qu’une façon de régler un contentieux ancien entre deux lignages, les vols dans un sens appelant, en représailles, les vols dans l’autre sens. Ou tout simplement du désir de nuire à un adversaire, à un personnage que l’on jalouse, ou dont on a eu à se plaindre…
Les bœufs sont alors volés en très petits nombre ; ils sont abattus et partiellement dévorés à la hâte ou, mieux, quand cela est possible, confiés à un intermédiaire clandestin : ils ne peuvent grossir le troupeau du voleur, qui ne souhaite évidemment pas être découvert.
Ces vols inter-lignagers, loin de constituer un élément de désordre dans les sociétés locales, fonctionnaient comme de véritables institutions, et aboutissaient, au terme de l’opération, à constituer un autre réseau de circulation des bœufs, comparable, en importance, au réseau cérémoniel et au réseau commercial.
Les vols relevant du grand banditisme (tontankely) sont de toute autre nature. Ils sont perpétrés par des bandes parfois nombreuses, armées (sagaies, frondes et armes à feu quelquefois), et qui peuvent venir de fort loin. L’attaque du village est frontale, et survient au petit jour. Les butins peuvent être considérables, plusieurs centaines de têtes, et, en cas de résistance, on peut relever sur les lieux de nombreux morts et blessés. Des cases sont parfois incendiées. Les voleurs capturés en flagrant délit sont généralement tués sur place.
Pour les techniques de vol proprement dites, un voleur expérimenté ne s’empare pas de n’importe quel type de bête. Par exemple, il ne faut pas voler une vache avec ses petits. En effet les veaux courent de façon désordonnée et vont s’égarer et appeler leur mère. Si on ne prend que celle-ci, elle va meugler de façon incontrôlable, notamment au moment où elle aurait dû allaiter. Pour la même raison, il vaut mieux éviter de prendre un taureau, car celui-ci a l’habitude de meugler, lorsqu’il croise un autre taureau, afin de le provoquer. Il faut systématiquement éviter les bœufs à la robe pie, bande blanche sur l’échine et le ventre, flancs piquetés de noir car ils empêchent les talismans de déployer toute leur force protectrice.
Je n’énumèrerai pas toutes les astuces dont faisaient preuve ces voleur pour mener à bien leur entreprise mais elles sont parfois édifiantes et pourtant tellement évidentes. Ainsi par exemple pour échapper à un contrôle, il est plus efficace de changer la peinture de l’objet du délit.
Donc voici raconté par l’auteur du livre une des nombreuses astuces qui permettaient de brouiller les pistes :
Des voleurs expérimentés savent aussi, au besoin changer la couleur de robe d’un bœuf. On fait chauffer, dans une grande marmite un mélange contenant diverses plantes et de l’huile. On badigeonne soigneusement ce liquide bien chaud la robe de la bête soit de poudre de craie (si on veut la blanchir), soit de charbon moulu (si on veut la noircir). Si on répète l’opération plusieurs jours de suite, l’aspect de la robe d’origine finit par disparaître presque complètement.

Je serais bien resté encore un peu plus longtemps dans ce pays et me laisser emporter par mes aventures mais malheureusement, à nouveau l'heure est venue de rentrer en France. Mais je sais que c'est une histoire à suivre car je reviendrais bientôt dans ce pays aux mille facettes.

Bibliographie
(1*) AOMBE 2 « Le bœuf et le riz dans la vie économique et sociale Sakalava de la vallée de la Maharivo » Era 1989 Emmanuel Fauroux Editeur Scientifique »
Sous la direction de : Emmanuel Fauroux avec la collaboration de Leopold Rakotomalala, de Françoise Delcroix, de Eléonore Nerine, de Philibert Randriamidona et de Alfred Telolahy.
M.R.S.T.D.
Ministère de la Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement ANTANANARIVO
O.R.S.T.O.M.
Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en coopération PARIS.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:17

Jeter un œil critique sur la Grande île ou contribution à la connaissance de Madagascar
Ici à Mada les différences avec la France sont parfois impressionnantes, bouleversantes, émouvantes, et parfois ahurissantes. Bien sûr il faut toujours compter ici sur le traditionnel «mora mora» qui pourrait se traduire par «doucement, doucement» et il ne servirait à rien de vouloir bousculer les habitudes insulaires car on n’y gagnerait qu’à s’énerver soi-même.
Les minibus (taxi-brousse) qui relient les grandes villes entre elles ne prennent le départ que lorsque tout a été fait pour que toutes les places soient prises. Il va sans dire que cela peut prendre des heures en ne négligeant pas de faire appel à des rabatteurs qui ratissent les alentours du stationnement pour guider les éventuels clients vers tel ou tel autre bureau des différentes coopératives de taxis-brousse.
J’ai ainsi été témoin d’une scène étonnante. Le taxi-brousse en question était presque complet en voyageurs et on chargeait le reste des bagages sur la galerie du toit. Parmi les paniers de poules, les pneus de voitures, les valises et les balles de fripes destinés à être vendues dans les villes de la province, il y avait également un quad (quadricycle) qu’une dizaine de « chargeurs » avaient hissé péniblement sur le toit du taxi-brousse. Bien sûr, quand le départ est imminent, on prévient par téléphone portable tous les voyageurs qui avaient retenus leur place à l’avance et qui ne tardent pas à arriver les uns après les autres. Mais à ma stupeur, un vif mécontentement se dégagea des voyageurs à la vue du quad sur le toit du véhicule et plusieurs d’entre eux exigèrent d’être remboursés car ils craignaient un accident à cause du surpoids. Finalement après une heure d’attente c’est le départ après avoir caché le quad sous une bâche et qu’on ait péniblement déniché d’autres clients. Le voyage qui, malgré la crainte de voir la galerie du taxi-brousse arrachée dans les nombreux virages pris à la limite de la prudence avec souvent les pneus du véhicule qui crient leur inquiétude se déroula à mon grand étonnement sans incidents majeurs. Il est évident que les très nombreux barrages de policiers, de gendarmerie ou de motards de la police qui consultent les papiers du taxi-brousse ainsi que du quad sont principalement fait pour essayer de grappiller quelques billets en raison du chargement inhabituel, voire trop élevé selon certains. Il est de coutume de laisser le journal une fois de plus aux forces de « l’ordre » qui peuvent en outre des vao vao (nouvelles) trouver entre les pages du journal, là encore, un billet de banque. Il est vrai que le salaire des petits fonctionnaires de l’état n’est vraiment pas très élevé et en échange de ces petits « suppléments » ils ferment les yeux sur l’état déplorable des véhicules dont certains roulent avec des pneus lisses, un éclairage défectueux voire des freins ne répondant absolument pas aux normes auxquelles nous sommes habitués maintenant en dans les pays occidentaux.
Très souvent les taxis-brousse dont les chauffeurs sont experts en mécanique changent eux-mêmes les plaquettes de frein en cours de route ou alors, j’ai eu la peur de ma vie quand après avoir changé tant bien que mal une roue, c’est la seconde qui commença à se dégonfler le soir sur une piste à des centaines de kilomètres d’une agglomération qu’on a pourtant réussi à atteindre de justesse avant que le second pneu soit complètement à plat. Parfois lorsqu’on se trouve en relief montagneux, il n’est pas rare de sentir l’odeur désagréable des plaquettes de frein chauffées à blanc ou des disques d’embrayages des poids lourds qui sont très sollicités. Souvent on peut apercevoir des semi-remorques ou des taxi-brousse renversés dans le fossé, seule alternative pour s’arrêter quand les freins lâchent dans une descente. L’état déplorable des routes où les nids de poule sont parfois d’une taille telle qu’on pourrait y nicher une paire de zébus.
Certaines pistes de sable longent des routes totalement défoncées sur des centaines de kilomètres et si on a la malchance de circuler derrière un autre véhicule, on recrache le sable avalé le long du parcours. Ne parlons pas de la saison des pluies qui coupe certaines pistes et il est alors illusoire de vouloir relier certaines régions. La construction des ponts relève souvent de l’exploit pour le gouvernement qui pour ce genre de travaux a recours aux aides internationales.
Bien sûr, les chinois participent beaucoup à ces aides et en contrepartie, on ferme totalement les yeux sur leurs importations de matériel peu coûteux, souvent de grandes marques mal contrefaites et le plus souvent sans aucune garantie de fonctionnement. J’ai ainsi fait l’expérience avec une mèche pour percer soit disant du métal et qui s’est simplement pliée à quatre vingt dix degrés lorsque j’ai voulu percer un trou dans un morceau de tôle.
Pour les malgaches, cela ne pose aucun problème car pour couper du métal ils emploient couramment un marteau et un burin et il en va de même pour percer un trou. Si on rencontre des difficultés, on chauffe le métal sur des fourneaux de charbon de bois pour rendre le métal plus malléable.
Le charbon de bois très couramment utilisé par tous les ménages pour faire la cuisine est produit en très grandes quantités le long des routes à partir de bois d’eucalyptus. Ces arbustes qu’on abat avec un genre de coupe-coupe à long manche ont l’avantage de repousser en multiples branches à partir de la souche. Parfois on peut distinguer plusieurs charbonnières par colline.
La méthode est simple : on creuse un trou peu profond en flanc de colline dans lequel on empile le bois coupé et on recouvre le tout de terre puis on laisse le bois se consumer lentement en ne laissant qu’un trou pour l’évacuation de la fumée. Après refroidissement, on casse le bois carbonisé en petits morceaux qui sont vendus le long des routes dans des sacs pour un prix dérisoire.
Le long de ces routes se trouvent également d’innombrables petits abris où les cultivateurs vendent leurs produits de culture voire de cueillette, d’élevage ou encore les poissons pêchés dans un des nombreux cours d’eau qui arrachent la terre dans une eau rougeâtre.
Il n’est pas rare de se voir proposer ainsi à côté d’un marchand de fruits sauvages, des produits de la pêche ou tout simplement un hérisson, ou des poulets attachés par une ficelle à un caillou ou entassés dans une corbeille et naturellement avec les pattes ficelées. La SPA et les Associations des droits de l’homme auraient vraiment beaucoup de travail ici où les hommes n’ont parfois rien à envier aux bêtes qui elles au moins sont parfois plus avantagées pour trouver de la nourriture. Les poulets se nourrissent souvent d’insectes, un peu de végétation et autres immondices rejetés par les hommes. En ajoutant à cela que dans certaines ethnies la viande de porc est fady (interdite) et chez d’autres c’est la viande de chèvre qui est impure, donc interdite à la consommation.
Les interdits populaires (fady) et les coutumes locales sont bien enracinés sur l’Île rouge couleur de la latérite qui forme son sous-sol. Parfois les membres d’une ethnie économisent pendant de longs mois, voire des années pour être en mesure d’honorer leurs morts. On ouvre les tombeaux et on enveloppe les corps ou plutôt de ce qu’il en reste dans un nouveau tissu et tout cela dans une ambiance de fête où on sacrifie les zébus qui sont réservés souvent pour ces grandes occasions. Ainsi lorsqu’il est question de circoncision, on rassemble toute la famille et les parents ayant des garçons en âge de passer ce cap et qui payent les zébus et les boissons qui vont nourrir toute la famille pendant ces jours de fête.
Il faut dire que le peuple malgache est très solidaire et partagerait son dernier grain de riz avec une personne moins fortunée. C’est un peuple qui se serre les coudes et là où on s’en rend compte physiquement et de façon spectaculaire c’est dans les taxis-bé (grands taxis), genre de mini-bus qui sillonnent les grandes villes : 1200 taxis-bé dans la capitale qui devient de la sorte une des villes les plus polluée au monde car ces véhicules souvent très vieux ne sont soumis à aucun contrôle antipollution. Ces véhicules sont limités à une dizaine de personnes en Europe et peuvent légalement charger entre vingt et trente personnes assises au coude à coude et parfois en serrant les fesses pour tenir sur des sièges minuscules.
Il faut dire que les malgaches en général ne sont pas très grands comparés aux peuples occidentaux et comme leur nourriture qui pour la plupart du temps se compose de deux ou trois bols de riz par jour laisse peu de place à un excédent de lipides dans le corps.
Pourtant certaines régions de l’île seraient favorables à une culture très variée de fruits et légumes ainsi qu’à un élevage très diversifié, mais faute à un enseignement basé principalement sur la religion et les croyances d’une autre époque ayant pour résultat un obscurantisme certain. Le malgache compte plus sur un éventuel miracle de Dieu que sur lui-même pour survivre. Les missionnaires de tout poil étant les principaux acteurs de cet état de choses. Bien sûr sans eux, l’illettrisme serait supérieur à ce qu’il est, mais ce n’est pas en sachant lire et écrire à Madagascar qu’on remplit son assiette de riz. De toute façon même les personnes ayant suivies leurs études supérieures ont beaucoup de peine à trouver du travail et quand ils en trouvent, ce travail est si mal rétribué qu’il est illusoire de vouloir créer une famille sereine sans problèmes d’argent.
Ainsi on peut voir à longueur de journée des hommes valides de tout âge assis le long des routes dans la capitale en attendant que le travail tombe du ciel. Donc si vous allez faire vos emplettes, on viendra vous demander de porter vos courses, on vous demandera de nettoyer ou de garder votre véhicule, on vous proposera d’acheter des babioles qui vont d’une tapette de mouches à des serviettes de bain ou encore des antennes de télévision sans compter d’innombrables articles qui se marchandent parfois à dix pour cent de la valeur annoncée et si vous n’êtes toujours pas décidé à acheter ce dont vous n’avez pas besoin, on vous demandera : « combien vous donne ? ». Dès leur plus jeune âge, on apprend à certains enfants déshérités cette phrase en français : « Monsieur, donnez moi l’argent ». Les parents installent parfois leur bébé qui ne sait pas encore marcher sur un trottoir de la capitale avec un petit pot devant lui pour collecter des « madinka » (menue monnaie).
Bien sûr le premier mai, fête du travail peut durer plusieurs mois à Madagascar pour certains qui se complaisent dans cette misère. Il est parfois très difficile pour les occidentaux de faire la part des choses entre le besoin de secourir son prochain sans encourager la mendicité.
Dans une petite agglomération de l’Est du pays en bordure de mer où affluent les citadins le week-end, certains indigènes se sont spécialisés dans la confection de colliers et de bracelets avec différentes graines séchées et colorées. On peut y trouver des graines d’arbres, d’orchidées et autres plantes des tropiques et il faut avouer que le résultat est parfois très décoratif. D’autres confectionnent des sacs à main où des chapeaux avec des feuilles séchées de bananiers ou avec des fibres végétales qui apportent au produit terminé un effet naturel sans pareil.
Même les enfants vendent déjà ces « souvenirs » aux touristes.
Le bord de mer est constamment le théâtre de rassemblements quand les pêcheurs tirent leurs filets sur la plage de sable fin. Bien souvent il n’y a que du menu fretin qu’on fait griller tel quel après un lavage sommaire dans l’eau douce. Parfois pourtant de jeunes thons se laissent prendre dans les filets et ils sont plutôt réservés à la vente sur le marché local ou directement aux restaurants.
Pourtant c’est la pêche au harpon près de la barrière de corail qui est la plus bénéfique avec de beaux poissons qui sont pour la plupart réservés aux nombreux hôtels restaurants qui sont des clients privilégiés. Quelques pêcheurs pêchent également des langoustes mais elles n’ont pas vraiment le temps de se développer car aucune mesure de protection sérieuse pour la faune sous marine n’est envisagée et des bateaux étrangers viennent jusque près des côtes pour draguer le fond marin et tant pis pour la barrière de corail qui s’étend sur plusieurs centaines de km le long de la côte-Est.

La musique joue un grand rôle dans toutes les régions de la Grande Île. Elle est très rythmée et rares sont les jeunes des villes qui ne connaissent pas les nombreux chanteurs qui remplissent des stades quand ils viennent s’y produire.
Non loin des routes malgaches, sur les hauteurs on peut distinguer maintenant d’affreux pylônes destinés aux communications des téléphones portables et si beaucoup de personnes n’ont pas encore de chaussures, un grand nombre surtout chez les jeunes possèdent pourtant un téléphone portable. Très peu peuvent se payer le crédit qui permet de passer des communications et ils se contentent d’interrompre la sonnerie à temps avant que l’autre puisse décrocher mais suffisamment pour afficher le numéro de l’appel manqué. Ici on appelle cela « biper » quelqu’un pour le prévenir qu’on veut lui parler à l’occasion. On peut ainsi inventer des codes si on bipe trois fois, c’est très urgent, si on bipe deux fois on se voit à l’occasion et si on bipe une fois c’est pour dire bonjour ou lui dire qu’on pense à lui. Il va sans dire que le plus beau cadeau qu’on peut faire à un malgache c’est lui offrir un téléphone portable.
Souvent, si vous allez pour un petit dépannage dans un garage ou chez un des nombreux artisans qui ont « boutique sur rue », à la fin de l’intervention qui peut durer parfois plus d’une heure et quand arrive le moment de payer, on vous dit que vous pouvez donner ce que vous voulez. Quand je donne ainsi dix mille francs malgaches ce qui équivaut à deux mille Ariary ou quatre-vingt de nos centimes européens, ces artisans se confondent en remerciements car le salaire de base de bien des malgaches est d’environs un € par jour, et tous n’ont pas la chance d’avoir un travail régulier.
Il est évident qu’ici à part les fonctionnaires et quelques entreprises, les couvertures sociales sont inexistantes et si un artisan, un commerçant ou un travailleur de la terre doit faire un séjour à l’hôpital, tous les frais ainsi que la nourriture sont à sa charge. L’hygiène y est très déplorable si on n’a pas les moyens d’aller dans les rares centres médicaux privés réservés à une clientèle de luxe. Les malgaches ne sont pourtant pas dépourvus de tous moyens thérapeutiques car ils se transmettent de génération en génération les vertus de certaines plantes qui les aident tant bien que mal à enrayer biens des maux. On peut également concocter des produits de première nécessité comme le savon fabriqué avec l’aloès, une plante originaire du sud de l’île.
Ici pas de tondeuse, pas de scie, pas de hache, pas de marteau ou d’outils électriques. Tout travail est exécuté à la main avec le coupe-coupe où avec une pelle dont la largeur dépasse à peine dix centimètres. Souvent le labourage des rizières se fait par piétinement des zébus. Le riz des montagnes dans l’Est du pays est planté directement sur le brulis des versants de colline. Dans le sud j’ai vu des panneaux le long de la route indiquant un reboisement mais les éleveurs préfèrent brûler ces plantations pour y faire paître leurs troupeaux de zébus qui peuvent parfois se compter par milliers dans les zones favorables à l’élevage. Les projets sont pour la plupart réduits à néant faute de suivi efficace. Ainsi les fonds de nombreuses ONG sont dilapidés dans des efforts vains ou encore sont détournés par des opportunistes malins.
La corruption, malgré les efforts est très difficile à combattre dans un pays qui manque cruellement de personnes capables d’apporter des solutions efficaces. Le peuple malgache qui possède une espérance de vie très faible se compose en majorité de personnes mineures qui ne sont pas en mesure de voir plus loin que le contenu de leur bol de riz journalier. Les rares Don Quichottes qui se débattent contre des moulins à vent se heurtent souvent à des méthodes d’un autre temps. Parfois des personnes travaillent juste le temps de toucher leur salaire, puis elles arrêtent de travailler avant de vouloir reprendre leur travail quand elles ont dépensé leur salaire.
Il existe encore de nos jours dans des régions boisées du sud ouest du pays une population mal connue, appelée les mikéas qui échappe aux recensements car elle vit en autarcie. D’autres regroupements de personnes vivent pauvrement en marge des riches éleveurs qui les considèrent comme les descendants des esclaves. L’occupation des sols se fait de façon anarchique dans les provinces loin des grandes agglomérations. Et bien souvent autour des grandes villes se serrent les uns contre les autres des baraquements faits de planches, de tôles et de tous matériaux pouvant offrir un abri sommaire. Il n’y a pas d’eau courante, ni évacuations des eaux usées dignes de ce nom. L’hygiène est un mot inconnu dans ces endroits où il faut parfois faire des centaines de mètres pour aller chercher de l’eau dans des seaux qui éclaboussent à chaque pas les pieds des enfants qui sont chargés de ces corvées. Certains d’entre eux n’ont jamais dormi sur un matelas et dorment souvent tout habillés à même le sol.
La plupart du temps la promiscuité entre les parents et les enfants est telle que très tôt ces derniers sont parfaitement informés dans le domaine de la sexualité qui fait partie intégrante de la vie de tous les jours et s’en trouve ainsi banalisée. Souvent des jeunes filles ont déjà plusieurs enfants avant d’avoir atteint leur majorité. Parfois ce sont les grands parents qui gardent les enfants pendant que les parents de ces derniers commencent à travailler comme vendeuse de fruits, de légumes grappillés par ci par là. Souvent un simple bout de bâche en plastique posé sur le sol sert d’éventaire. Un tissu posé sur la tête les protège du soleil. Et quand un acheteur se présente il peut acheter un « tas » de fruits ou légumes. Pour la vente au poids, la marchande se rend en courant chez un commerçant plus aisé pour peser sa marchandise et elle va également acheter un sachet en plastique pour emballer sa vente. Tout ici est empirique à souhaits. On fait avec ce qu’on possède et personne ne s’en plaint. De toute façon ils possèdent la plus grande richesse du monde : du soleil dans le cœur.
A Madagascar, rien ne se passe comme ailleurs car ici on peut même fabriquer sa propre constitution si on est à la tête de l’état et on peut faire fi de celle-ci si on est dans l’opposition et si la majorité de la population soutient cette opposition. Et que l’Union Africaine ou l’occident désapprouve cela, ne changera en rien le comportement des malgaches qui ont leur façon de voir les choses avec le cœur et non avec la raison. Ici le chef de l’état n’est plus le chef des armées si la population en décide autrement. C’est la rue qui décide avant d’aller aux urnes pour confirmer un renouveau dans la politique du pays. Bien sûr, le malgache provincial, perdu dans sa brousse est bien loin de ces agitations des grandes villes qui disposent des informations chaudes retransmises par les médias. Ainsi dans la capitale, dans les périodes de crises, la foule se presse devant les étals de journaux pour y lire les gros titres de la première page et pouvoir en tirer leurs conclusions personnelles sans avoir besoin de lire les commentaires des pages intérieures. A choisir, pour le prix d’un journal, on peut se payer une écuelle de pâtes chinoise qui cale le ventre pour quelques heures. C’est cela le souci majeur de beaucoup de malgaches.
Les forêts primaires ont pratiquement disparu de l’île et selon certaines informations il subsisterait encore huit pour cent de biotopes particuliers qui n’ont pas encore été détruits par l’homme et qui sont les derniers sanctuaires d’espèces faunistiques et floristiques très souvent endémiques. Ici la culture intensive est encore très restreinte et c’est sur de grandes étendues d’un sol de latérite sans apport d’engrais qu’on produit de maigres récoltes. Ce n’est qu’en fond de vallée ou dans les zones humides que la production est plus importante mais à force d’y effectuer les mêmes cultures le rendement s’amenuise peu à peu au fil des ans par manque de matières organiques qui enrichiraient le sol. En effet, tout est utilisé, même la paille de riz, l’herbe et tout ce qui pourrait enrichir les sols qui peu à peu sont emportés par des rivières rouges qui saignent lentement mais sûrement la Grande Ile. Dans une ou deux générations celle-ci pourrait ressembler à une Ile déserte car une démographie galopante, un réchauffement inévitable et une pollution incontrôlée combinée à une demande de plus en plus grande des richesses végétales et animales accélèreront cet inévitable processus.
Faire marche arrière serait certainement possible avec des cultures intensives mais très diversifiées mélangées à des zones forestières avec apport d’engrais naturels et fixation des sols. Naturellement des tris très sélectifs des ordures ménagères ainsi qu’une discipline exemplaire de la répartition des richesses du pays permettraient d’avoir un niveau de vie satisfaisant. Une régulation des naissances par le droit à l’avortement mettrait certainement un frein au surpeuplement des grandes villes qui sont confrontées à un taux de naissances galopant. Un repeuplement des terres riches et aptes à des cultures pourrait aussi réduire la dépendance alimentaire. Le retraitement des déchets est certainement un maillon inévitable pour permettre dans un premier temps à enrayer cette fuite en avant qui pourrait bien avoir une fin si on ne s’engage pas dans une politique de prévention et si on persiste dans une optique opportuniste et prédatrice qui ne se soucie pas du futur.
Le taux d’ensoleillement maximal dont bénéficie Madagascar est une richesse incomparable d’énergie qui pourrait apporter une certaine indépendance énergétique dans bien des domaines. Pour la réalisation de tous ces projets, il ne manque que l’argent qui sert actuellement à enrichir sans contrôles efficaces une frange de la population au détriment de la plus grande majorité qui est trop occupée à boucler les fins de mois sont de plus en plus longs. La bureaucratie d’une époque révolue est là aussi pour freiner des quatre fers le cadre administratif. La circulation des véhicules est au bord de l’asphyxie dans certains quartiers de la capitale. Les véhicules vétustes ainsi que les difficultés financières permettant de s’approvisionner correctement en carburant sont cause de nombreux embouteillages, sans compter les taxis-bé qui bloquent les voies de circulation en ne respectant pas les temps d’arrêts ou les endroits spécifiés. Les infrastructures routières dans la capitale ne répondent plus du tout au nombre toujours croissant de véhicules qui y circulent. Tout cela contribue à une pollution qui est souvent cause de l’affaiblissement des défenses immunitaires des habitants de la capitale.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:17

La côte Est
Le jour du départ est arrivé et mon bateau est sur la remorque accrochée au 4 x4 et le quad est dans le bateau. Ce qui m’offre trois modes de locomotion dont un sur l’eau quand je serai arrivé près du canal de Pangalane, souvenir de la colonisation. En effet, les français ont fait creuser ce canal reliant les lagunes situées le long d’une partie de la côte Est pour éviter de transiter par la terre ferme entre les différentes lagunes. Il n’est pas aisé du tout de traverser des terres envahies soit par une végétation luxuriante soit par des zones humides, voire des marais où il est possible de tomber nez à nez avec un crocodile de quatre mètres de long. Il est encore moins aisé de longer en pirogue la côte de l’océan indien qui peut se montrer très fougueux et il faut être un pêcheur chevronné pour l’affronter dans les frêles pirogues.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:18

La peur de ma vie
Donc arrivé au bout de la piste à l’embouchure du fleuve Mangoro, j’ai mis ma petite embarcation à l’eau et après avoir arrimé le moteur, j’ai entrepris un petit tour en prenant soin de ne pas m’aventurer trop loin du rivage car les petites vaguelettes du fleuve me semblaient déjà menaçantes. Et comme le moteur du bateau est encore en rodage, autant y aller avec la plus grande prudence. Au bout de dix minutes de navigation, il était temps pour moi de remettre mon bateau sur la remorque et de me contenter de ce début d'apprentissage. Le lendemain, je décide donc de prospecter l’autre rive du fleuve et pour ce faire, je décris un large demi-cercle pour éviter l’endroit où le fleuve se jette dans la mer et où les vagues de la mer créent des perturbations assez menaçantes à mon goût. Mon bateau n’étant pas conçu pour la haute mer, je me garde bien de ne pas m’aventurer trop près de cet endroit. Tout va bien et je rejoins l’autre bord sans encombre. Je prospecte un peu ce que je croyais être une île mais qui finalement n’est qu’une partie de terre entre le bord de mer et l’embouchure du fleuve. Je décide donc de retourner dans l’autre sens et, arrivé au milieu du fleuve, voilà que le moteur du bateau s’arrête sans raison apparente. Je tire donc sur la corde pour faire redémarrer le bateau mais à mon grand effroi, la corde se bloque en bout de course. Plus moyen donc de faire redémarrer le moteur et le courant m’emporte logiquement vers la mer. Je me décide donc à prendre les rames et à ramer vers la côte qui se trouvait en face de moi en évitant de regarder du côté de la mer. Cela fait une impression bizarre quand la terre semble fuir et qu’on se sent irrémédiablement emporté par le courant vers la mer. Pourtant il me restait moins de cinq mètres à ramer. A ce moment là, j’ai compris qu’il était vain de vouloir se mesurer avec les forces de la nature et je me sentais soulevé par les vagues déferlantes de l’océan indien. Ma coque de noix ne pesait pas lourd face à des vagues de près d’un mètre. Finalement, l’océan n’a pas voulu de moi et il m’a rejeté avec ma barque sur la plage de sable fin. Heureusement que j’avais une ancre au bout d’une chaîne que j’ai balancé le plus loin possible sur la dune et après avoir sauté hors du bateau, j’ai tiré de toutes mes forces pour faire glisser le bateau le plus haut possible sur la dune. Heureux de m’être sorti à si bon compte de cette situation, j’ai longé le bord du fleuve pour aller chercher le véhicule 4 x 4 avec la remorque pour prendre le bateau. Quand je suis arrivé non loin du véhicule, le gardien venait déjà à ma rencontre car il se doutait qu’il était arrivé quelque chose d’anormal. J’ai raconté brièvement mon aventure et pendant que j’allais vers le véhicule, il est parti vers le bateau. Je longeais donc la rive du fleuve et à mesure que je m’approchais vers la mer, le véhicule s’enfonçait dans le sable au point que les roues tournaient sans avoir de prise. Je ne savais plus à quel saint me vouer quand le gardien revenais vers moi en me disant qu’il avait réussi à débloquer la corde de démarrage du bateau et qu’il pouvait donc revenir par la voie de l’eau et qu’il était inutile de venir chercher le bateau avec la voiture. Nous avons donc trainé le bateau sur une centaine de mètres vers le fleuve et c’est avec soulagement que j’ai vu mon ange gardien repartir vers le point de départ avec mon bateau. La partie n’était pas gagnée pour autant car mon véhicule n’était pas encore sorti du sable, et la lueur du jour commençait à faiblir. La nuit tombe très rapidement sous les tropiques et les nouvelles se transmettent à la vitesse du son ici à Madagascar. Une vingtaine de badauds s’étaient donc rassemblés près du véhicule pour voir comment j’allais m’en sortir. Après plusieurs essais infructueux, un gamin s’approche du véhicule et essaie de le pousser en arrière. En voyant cela, les adultes présents sur les lieux ont aidé le gamin et petit à petit, le véhicule s’est mis à rouler en arrière jusqu’à un endroit où les roues commençaient de nouveau à avoir une prise. J’ai donc réussi grâce à cette aide précieuse à gagner l’endroit où m’attendait le bateau. Après l’avoir hissé avec le treuil sur la remorque, j’ai invité toutes les personnes présentes à prendre place sur le bateau et c’est ainsi que nous avons regagné le village au plus grand ravissement des enfants et des adultes qui m’ont été d’un grand secours.
Le lendemain matin, je suis allé au bazard bé (grand marché) de la petite ville la plus proche pour y acheter deux quintaux de viande, cent cinquante baguettes de pain et naturellement plusieurs cageots de bière et de soda pour faire la fête. Heureusement que j’avais laissé confectionner avant mon départ une grille pour faire griller la viande car je sais que ce que les malgaches aiment le plus, c’est faire la fête en n’importe quelle occasion. Que ce soit pour un décès ou pour un mariage et même la circoncision est prétexte à faire la fête. Il est vrai que les steaks de zébu par exemple ne coutent guère plus de 1,85 € le Kg. Les côtes de porc sont un peu plus chères, de l’ordre de 2€ le Kg. Et les saucisses de porc sont les plus chères avec 2,20 € le Kg. Un zébu adulte vivant coûte moins de 150€. Bien évidemment ces prix ne sont valables qu’à la campagne. Sans intermédiaires. Si on veut être bien vu, il suffit d’organiser une petite fête et le succès est assuré. Le lendemain de la fête je suis parti avec mon gardien à la pêche dans un bras mort du fleuve et nous avons eu un grand succès en attrapant une dizaine de poisson de la taille de nos gougeons, ce qui est un début prometteur. Aujourd’hui j’ai acheté un filet de pêche qu’un pêcheur du village s’est proposé de le garnir avec du plomb acheté en barrettes et de flotteurs taillés dans de vieilles sandales. Ici il est inutile de chercher du liège ou des plombs comme nous les connaissons en France. Il m’a promis que ce filet sera opérationnel dans trois jours.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:19

L’Eden
Aujourd’hui, j’ai prospecté un peu les environs du village et j’ai découvert un grand lac avec une eau claire et en bordure de ce lac, un terrain planté de manioc et de quelques ananas. Plus loin à environs deux cents ou trois cents mètres, grondent les vagues rageuses de l’océan indien. Sur ce champs de manioc, de nombreuses souches d’arbres et sur l’une d’elle, des oreilles de Judas. Sur le sol, de nombreuses tramètes rouge-cinabre possédant un stipe qui peut avoir plusieurs centimètres avec des pores très fines et décurrentes. Je décide donc d’acheter ce champs en bordure du lac et tant que j’y suis, j’ai acheté aussi le bout de terrain qui va jusqu’à la plage qui borde l’océan indien. Le tout pour 5 millions et quatre cents mille Fmg ( 1080000 Ar), soit environs 400 €. Donc je suis maintenant « propriétaire » d’un bout de 100m de plage sur l’océan indien ainsi que d’un bord de lac de la même dimension avec un petit bout de jungle où j’ai découvert De nombreux pieds de vanille qui serpentent le long des arbrisseaux. Quand je dis acheté, cela veut dire simplement que j’ai acheté l’accord du Président du village et celui des personnes qui occupaient précédemment ces terrains avec trois témoins et qu’il tient à moi maintenant de faire borner et d’officialiser ces terrains au domaine, ce qui veut dire envers l’état malgache. Mais ce n’est pas une obligation. C’est simplement une garantie que personne ne pourra venir à l’avenir prétendre qu’il est propriétaire parce que ses parents cultivaient ce champ depuis des générations par exemple et qu’un membre de sa famille a vendu ces parcelles sans son accord. Mais cela peut attendre et de toute façon je n’emporterai pas avec moi ce morceau de paradis terrestre quand l’heure de mon départ de cette planète aura sonnée.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:19

Ma plantation
J’ai planté mon premier cocotier et demain j’irai dans la jungle chercher des bananiers, des papayers, des manguiers, des caféiers, des girofliers, des arbres de fruits à pain, des orangers, des citronniers, des corossols, des goyaviers, des ananas, de la canne à sucre, du manioc, des patates douces, des lychees, des gaves chinois, des vondalana, des vovontaka, des ampale-bés, des cocos-palmes ou palmiers à huile qui sont également très envahissants dans cette région, des melons et bien d’autres fruits et légumes dont certains sont inconnus en France et poussent à l’état sauvage ici. Les bananiers se multiplient sans avoir besoin de s’en occuper ou les goyaviers qui envahissent les terrains non cultivés. Aujourd’hui j’ai goûté au fruit du cactus Raketa mena. C’est sucré et très collant et surtout de très fines épines qui garnissent les fruits sont encore plus urticants que les orties en Europe. J’ai passé au moins deux heures à retirer des centaines d’épines à la pince à épiler et celles qui se sont cassées sont restées plantées et continueront à me piquer certainement un bon bout de temps encore. Je verserai cette expérience sur le compte « pertes et profits de ma curiosité ». Je ne sais pas encore si ce sera du côté débit ou crédit… car un gardien de zébus qui passait par là m’a dit que ces fruits étaient considérés comme du poison. J’ai pourtant entendu que ces fruits étaient consommés couramment dans le sud de Madagascar où ils constituaient même la nourriture de base en période de disette Près de la côte Est en particulier c’est le « via », plein de vitamines selon les malgaches qui constitue la nourriture en cas de catastrophe naturelle, cyclone etc.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:19

La vie dans la brousse
Maintenant je fais déjà des plans pour mon futur bungalow que je verrai bien au bord du lac car je n’ai pas envie d’être trop exposé aux cyclones qui balayent régulièrement la côte Est du pays et le grondement des vagues qui s’écrasent inlassablement contre le sable de la plage devient monotone à la longue. Les bords de ce lac ne sont pas trop occupés par l’homme et si sur l’autre rive, des dizaines d’enfants et de femmes viennent se baigner et s’ébattre dans l’eau avec de grands cris de joie, seuls quelques pêcheurs sur des radeaux de bambous tentent leur chance en jetant leurs filets dans l’eau et en essayant d’effrayer le poisson en frappant des coups de bambou dans l’eau. Les jeunes filles ou les femmes ont pris l’habitude de venir pêcher des alevins sur la rive à l’aide de moustiquaires. Ici les gens vivent simplement, en s’éclairant à la bougie et les gamins mâchonnent à longueur de journée des bouts de canne à sucre qui poussent un peu partout ici. En effet c’est comme le manioc, il suffit de planter un bout dans le sol pour qu’il prenne racines. La racine de manioc est consommée cuite dans l’eau, les feuilles de manioc (ravitoto) sont consommées un peu comme les épinards et la tige du manioc est coupée en morceaux et replantée pour donner d’autres pieds de manioc. En ce qui concerne la canne à sucre, on l’épluche, on la coupe en morceaux d’une dizaine de centimètres puis on l’écrase avec un levier en bois qui est coincé dans une espèce de récipient en bois qui est percé et d’où le jus s’écoule. Pour faire le café, on emploie ce jus et après l’avoir fait bouillir on y plonge un filtre fait avec des lanières de feuilles de palmier entrecroisées qui contient les grains de café écrasés. En ce qui concerne la « besa », boisson légèrement alcoolisée, elle ne manque à aucune fête. Les habitants de cette partie retirée de Madagascar vivent de la pêche et la culture y est très sommaire. Le peu de riz planté de façon archaïque ne suffit pas à boucler la saison et on achète donc des sacs de riz venant du Pakistan ou d’ailleurs et vendu à raison de 16 à 17€ le sac de cinquante kg, ce qui est une grosse somme d’argent pour le malgache de la campagne, mais c'est moins cher que le riz malgache. Heureusement l’entraide entre les habitants du village est très importante, ce qui permet très souvent à certains d’être secouru en période de transition. Parfois les pêcheurs reviennent bredouilles pendant de longues semaines car le poisson pêché de façon industrielle au sonar par des navires étrangers sont une rude concurrence pour les pêcheurs en pirogues avec leurs petits filets qui ne ramènent parfois que deux ou trois crevettes et du menu fretin. Les périodes de pêche ne sont pas toujours propices aux pêches miraculeuses et les maigres récoltes ne sont pas toujours à la hauteur de ce que réclament les ventres affamés. Les salaires de misère que demandent les artisans ou les ouvriers ne permettent qu’un strict nécessaire et quand dix ventres affamés par famille crient famine, les enfants souvent se contentent de sucer des cannes à sucre ou de racler un peu de riz bouilli qui attache au fond de la marmite. Curieusement les fruits poussent à volonté ici mais sont peu appréciés par la population. Elle néglige un peu cette manne qui pourrait pourtant apporter une précieuse part de vitamines et autres éléments indispensables à une alimentation de qualité. Il en va de même des légumes très variés que la population ignore parfois totalement. On a l’impression que de nombreuses personnes se laisseraient mourir de faim s’il leur manquait du riz qui est véritablement une nourriture incontournable dont les malgaches ne se lassent jamais.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:20

La fête en province
Aujourd’hui c’est jour de fête car le ministre du tourisme s’est rendu dans la petite ville de province au bord du canal des Pangalanes. Dans un des restaurants qui bordent la mer on a mis les petits plats dans les grands et les tables ont été mises l’une contre l’autre pour festoyer. Un groupe folklorique avec un tambour et beaucoup de bonne humeur est venu pour l’occasion chanter et danser dans la ville en s’arrêtant devant chaque débit de boisson. Demain le calme sera revenu dans la petite ville qui s’assoupira de nouveau en oubliant les promesses illusoires que le ministre leur aura fait. Ici on a l’habitude des promesses qui aboutissent rarement. Il faut dire que les moyens sont très limités et quand on essaie de tenir une promesse, c’est comme si on versait de l’eau sur une pierre chauffée au soleil et avant même que les travaux soient terminés, l’argent s’est évaporé. Parfois aussi on a l’impression qu’on met l’argent dans un seau sans fond et dès qu’on veut y puiser pour réaliser un projet, il n’y a plus rien dans le seau.
Les constructions de la brousse
Les habitants de la campagne sont prêts à accepter n’importe quel travail pourvu qu’il leur permette d’améliorer leur ordinaire. Pour construire les habitations locales, on se sert de bois carré (poutres de 10 cm de côté), tiré du bois d’eucalyptus (quinine). Elles sont assemblées à l’aide de chevilles en bois et encastrées les unes dans les autres comme au bon vieux temps en France. Pour les murs, ils sont généralement fabriqués avec les nervures de feuilles de ravinala coupé dans le sens de la longueur et fixées à l’aide de tiges de bambous elles mêmes coupées dans le sens de la longueur et enfilés perpendiculairement afin de pouvoir donner une structure solide et résistante aux vents. Ces vents peuvent être très violents lors des cyclones qui ravagent périodiquement la côte Est. Les toitures sont également faites de feuilles de ravinala qui sont liées solidement sur les lattes du toit. Parfois les murs sont également faits avec l’écorce d’un arbre. Cette écorce fait environs 5mm d’épaisseur sur une longueur variable de deux mètres sur environs trente à quarante cm de large. Le plancher des habitations se trouve à environs trente cm du sol, certainement pour éviter que l’eau pénètre à l’intérieur. Il faut dire qu’ici sur la côté Est, il pleut très souvent et la végétation est très luxuriante. Les arbres fruitiers n’ont aucun mal à s’implanter sans même que l’homme ne soit obligé de faire grand-chose sinon de déterrer les jeunes plants et de les replanter à l’endroit qui lui convient.

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Message par Admin Mar 1 Nov - 17:20

La capitale
Les habitants sont toujours prêts à porter main-forte ou à rendre service. Sauf si vous leur demandez un renseignement. Dans ce cas, on vous indiquera vaguement une direction sans donner de précisions sur la distance ou s’il faut bifurquer à un moment ou à un autre. Il faut dire que les panneaux indiquant les directions sont souvent inexistants et comme de nombreux malgaches ne peuvent pas se permettre de voyager, ils ne connaissent pas les directions à prendre. Dans les grandes villes comme la capitale en particulier c’est souvent des ruelles qui serpentent et se croisent le long des nombreuses collines et il est difficile d’avoir une direction qui vous mènera directement vers une route nationale. Parfois il est plus simple de faire tout le tour de la capitale pour trouver une direction plutôt que de vouloir couper au plus court car vous avez toutes les chances de vous perdre dans les ruelles asphyxiées par les embouteillages. Si en province les véhicules automobiles sont encore relativement rares, dans la capitale c’est devenu infernal au point de placer cette ville comme une des plus polluée au monde en ce qui concerne la qualité de l’air. Ce n’est pas mieux pour les cours d’eau de la capitale qui sont pollués au plus haut point car tous les égouts y sont déversés directement sans fosses septiques ni bassins décanteurs-dégraisseurs. La plupart des eaux usées sont perdues dans le sol quand il n’y a pas de rivière à proximité. Selon les sources scientifiques malgaches, de plus en plus d’habitants de la campagne migrent vers la capitale à cause de l’insécurité qui règne en province, ce qui place la capitale au rang d’une ville qui se trouve au bord de l’asphyxie. Les vendeurs à la sauvette se trouvent au bord de tous les axes importants et étalent leurs marchandises jusque sur la route, ce qui oblige les innombrables piétons à emprunter les routes et la circulation y est devenue presque impossible. Des bouchons monstres sont provoqué également par les taxi-bé (minibus) qui s’arrêtent souvent en dehors des endroits qui leurs sont réservés et souvent même ils s’arrêtent plus longtemps que le temps qui leur est imparti. Souvent aussi les taxis qui sont pour la plupart de vieilles 2CV ou des R4 tombent en panne ou tout simplement n’ont plus essence dans le réservoir car ils font le plein dans une bouteille en plastique qu’ils vident au fur et à mesure des courses qu’ils ont à effectuer. Ces véhicules qui ne sont pas contraints aux contrôles anti-pollution et qui circulent avec un carburant au plomb crachent autant de nuages noirs toxiques. Peu de voitures neuves aux normes européennes mais énormément de 4 x 4 très polluants circulent en ville. Presque toute la classe politique se déplace en véhicules à quatre roues motrices.

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